[Gauguin (Paul)] - Lot 34

Lot 34
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[Gauguin (Paul)] - Lot 34
[Gauguin (Paul)] Lettre autographe signée d'Émile Schuffenecker à Paul Gauguin. Paris, 29 janvier 1891. 6 pages (23 x 18 cm). Chemise de Devauchelle. Hallucinante lettre autographe signée de Schuffenecker, pleine de reproches et récriminations témoignant de l'épuisement d'une amitié vieille de vingt ans (« des amis vous n'en aurez jamais. Tous vous ont fui »). Elle évoque notamment Émile Bernard, Volpini, et Filiger, deux mois avant le départ de Gauguin pour Tahiti. Émile Schuffenecker (1851-1934) est un des plus anciens et fidèles amis de Gauguin. C'est chez l'agent de change Bertin, où Schuffenecker est employé comme courtier, qu'ils se rencontrent en 1872, l'année où Gauguin y est à son tour embauché Schuffenecker, qui occupe ses loisirs à peindre et suit les cours du soir de dessin, l'entraîne probablement à le suivre dans cette voie. Schuffenecker soutient toujours Gauguin dans le dénuement et le tire d'affaire en lui avançant l'argent de son retour de Panama et de la Martinique (1887). Durant ses absences, il est un peu son agent artistique et défend ses intérêts. Au moment de l'Exposition universelle de 1889, c'est encore lui qui s'occupe de trouver le local éphémère du Café Volpini et permet à Gauguin et ses amis d'organiser leur exposition impressionniste et synthétiste, à laquelle il participe. Au cours de cette année, Gauguin lui propose de partir avec lui et Émile Bernard à Madagascar, lui demandant de vendre un terrain qu'il possède pour financer le voyage. Mais Schuffenecker qui héberge encore Gauguin, s'agace de la façon dont son ami a investi son appartement et son atelier où celui-ci invite des nouveaux venus qu'il ne prend pas la peine de lui présenter, ainsi que de l'intérêt que Gauguin porte à son épouse. À la veille du départ de Gauguin pour Tahiti, les deux hommes sont pratiquement brouillés. C'est dans ce contexte que s'inscrit cette lettre, pétrie d'aigreur et de récriminations. « Vous me dites : Pourquoi m'écrivez-vous au lieu d'explication verbale. Je vous réponds. Toute explication suppose discussion et vous savez que depuis longtemps j'évite de discuter avec vous. Vous ne pouvez supporter la contradiction cela vous met hors de vous-même et alors vous vous oubliez jusqu'aux injures les plus blessantes ainsi que cela vous est arrivé plusieurs fois vis-à-vis de moi. Depuis que je combats dans la peinture pour la même cause que vous jamais vous n'avez amené chez moi un littérateur ou quelqu'un qui puisse m'être utile pour lui faire voir ma peinture. Quand vous en avez amené, c'était pour vous et uniquement pour vous, même devant moi jamais vous n'avez montré ou fait remarquer une de mes toiles, vous vous borniez à répondre d'une façon à peu près bienveillante si le visiteur vous en parlait. Vous avez oublié le vieux camarade de lutte, l'ami des jours mauvais, le premier qui vous ait soutenu et qui ait cru en vous, vous lui avez infligé l'humiliation [de pousser] de faire passer devant lui un jeune homme qui certes a du talent, raffinant l'insulte de ce fait que ce jeune homme était entré dans notre lutte sous l'influence de Roy qui était mon élève et avait passé chez moi avant de vous connaître. Eh bien Gauguin vous pouvez être content, vous avez été droit au cœur et jusqu'au fond. Barré [Après cela vous devez comprendre qu'il est inutile de parler de notre amitié. Vous pourrez avoir des admirateurs de votre talent, des amis vous n'en aurez jamais. Tous vous ont fui. L'amitié suppose la sympathie, la marche à deux dans la sympathie et l'égalité au moins apparente. Vous n'admettrez jamais cela, ce ne sont pas des amis avec vous que vous voulez, ce sont des amis sans vous. Ce ne sera jamais mon rôle vis-à-vis de personne.] Je regrette d'avoir été obligé de vous dire cela, mais il le fallait pour mon soulagement et la vérité. Après cela Gauguin, si vous désirez une explication verbale qui me semble bien naturelle je vous promets que vous serez bien reçu à la maison, mais je pose une condition absolue, c'est que vous vous abstiendrez de tout emportement et de toute parole blessante, cet engagement est mutuel. Maintenant ne voyez dans mes lettres rien qui ressemble à une mise à la porte comme vous dites. Je comprends que vous ayez des soucis en ce moment, si vous avez besoin de faire voir vos peintures vous serez bien reçu. Je ne veux vous faire aucun tort ni aucun ennui, vous avez toute latitude et toute liberté, mais il était nécessaire que vous sachiez ce que je pense. Entre hommes il faut être francs. »
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