[Seurat (Georges)] Signac (Paul) - Lot 35

Lot 35
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[Seurat (Georges)] Signac (Paul) - Lot 35
[Seurat (Georges)] Signac (Paul) Correspondance à Gustave Kahn annonçant la mort de Georges Seurat survenue le 29 mars 1891. Un billet monogrammé et trois lettres autographes signées, différents formats (9 pages). Chemise de Devauchelle. Extraordinaire document, correspondance inédite de Paul Signac à Gustave Kahn le jour de la mort de Georges Seurat et les jours suivants, associant les deux fondateurs du néo-impressionnisme et l'un de ses plus fervents - et rares - soutiens. Le billet (22 x 13,5 cm) griffonné à la hâte sur un mauvais papier, aussitôt plié en quatre, avant même que l'encre ait séché (d'où les décharges d'encre) simplement daté : « Dimanche soir. Mon cher ami - Notre pauvre Seurat vient de mourir, ce matin. Préviens nos bons amis. Bien à toi. P-S. Amitiés à madame ». Georges Seurat mourut le 29 mars 1891 à 31 ans, c'était un dimanche. Le jeudi précédent, comme tous les jeudis, il avait dîné chez sa mère, boulevard Magenta, et puis, se sentant mal, il avait consenti à passer la nuit chez elle. Le lendemain, vendredi, il était retourné travailler à son atelier - le peintre Georges Lemmen l'y avait vu. Signac passa le voir dans la soirée. La nuit qui suivit fut terrible. Perte de sang, délire. Au petit matin, effrayée et affolée, sa compagne Madeleine Knobloch, le ramena chez sa mère, emmenant avec eux leur bébé de treize mois. C'est à cette occasion que Madame Seurat découvrit que son fils Georges avait aussi une petite famille - les plus fidèles amis du peintre l'ignoraient également. Le dimanche matin à 7 heures il était mort. Au moment de ces missives, Gustave Kahn était en Belgique. Il était proche de Seurat depuis les lundis de Robert Caze où ils se rencontrèrent, depuis La Vogue que Kahn dirigea en 1886, et depuis les thés chez Signac, avenue de Clichy, dans l'ancien atelier de Daubigny, où peintres, poètes et écrivains sirotaient et causaient les dimanches. Grâce à l'argent de son épouse, Kahn put acheter un des deux seuls tableaux jamais vendus par le peintre (et encore, réglé post-mortem), Le Chahut. Après avoir craint pour l'œuvre de leur ami - quelques dessins se retrouvèrent à la brocante - Signac, Fénéon et Maximilien Luce s'occupèrent de classer les dessins de Seurat, et ce fut Kahn qui signa la présentation de l'édition en deux volumes publiée par la Galerie Bernheim en 1928. La lettre suivante (2 pages in-12), sobrement datée « lundi matin » [30 mars 1891] a également été rédigée en hâte et comporte des ratures : « Comme je te l'écrivais hier soir, notre pauvre Seurat est mort, d'une angine infectieuse dit-on. Il laisse une pauvre femme et un beau bébé de 13 mois qu'il a reconnu. Cette pauvre malheureuse est encore enceinte. Si tu n'as pas remis à Seurat l'argent du Chahut il faut faire en sorte de le remettre à cette femme et non à la famille. Quel moyen employer. Je m'en rapporte au bon cœur de madame Kahn pour soulager cette pauvre affolée sans ressources. Pour ma part je ferai ce qu'il faudra. Je suis accablé par cet horrible malheur et ne sais que faire [...] ». La lettre suivante (3 pages in-12), toujours non datée (1er avril 1891), est écrite le lendemain de l'enterrement de Seurat (31 mars) : « [...] On parle maintenant d'épanchement au cerveau ! Notre pauvre grand s'est tué de travail ; il passait ses nuits jusqu'à 2 et 3 heures à faire ses cadres. Pour la famille je pense que cela ira mieux que nous le supposions [...] Un beau-frère millionnaire était venu chez cette femme, enquêteur, arrogant, cruel, et avait laissé quinze francs (15 francs) ! Cela nous avait épouvanté ! mais hier - après l'enterrement - le frère est venu, a dit à cette femme qu'on lui laissait tout ce qu'il y a à l'atelier : meubles et tableaux... que la famille en achèterait deux... et que pour son enfant elle ne soit pas inquiète, que la grand-mère s'en occuperait. [...] Luce et moi pensons qu'il faut tenter de vendre les marines et d'en donner l'argent à cette femme ? Mais que faire des grandes toiles, il me semble dangereux de les lui laisser entre les mains. Elle peut être tentée de s'en débarrasser à vil prix [...] » La dernière lettre (4 pages in-12), plus posée, longue et détaillée, entre dans le détail des arrangements. Madeleine Knobloch n'est finalement plus enceinte : « [...] son lait tari par la douleur avait pu faire craindre cette nouvelle complication [...] J'ai donné à la famille le conseil de ne pas faire de vente à l'Hôtel ; d'essayer, pour donner quelque argent à la femme, de vendre certaines marines, de garder le reste chez eux. (Je pense qu'il y aurait encore moins de danger de les laisser à la famille jusqu'aux prochaines expositions et jusqu'au moment où il y aura nécessité de les montrer et de les faire valoir) Pour les grandes toiles, il ne faut à aucun prix les vendre. C'est du moins mon avis. Est-ce le tien ? Nous déciderons avec Fénéon
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