Rare châsse en argent fondu, ciselé, gravé et doré. De forme - Lot 7

Lot 7
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Estimation :
40000 - 60000 EUR
Rare châsse en argent fondu, ciselé, gravé et doré. De forme - Lot 7
Rare châsse en argent fondu, ciselé, gravé et doré. De forme parallélépipédique, elle se présente sous la forme d'une maison avec un haut couvercle en forme de toit à quatre pentes composé d'épaisses plaques soudées entre elles. Elle est ornée toutes faces, de même que le crochet de fermeture. Chaque pente du toit est bordée d'une tresse stylisée encadrant un panneau meublé d'un dragon runique imbriqué dans un entrelacs de rubans ; trois faces de la boîte portent des nœuds de rubans crantés évoquant les triquetas scandinaves tandis que le dos s'orne d'un ruban ondoyant surmonté d'ocelles, ces motifs d'ocelles se retrouvant un peu partout dans le décor. L'intérieur de la châsse, tant de la boîte que du couvercle, est couvert de striches. Art Viking scandinave, vers 960/970 H. 8 cm - L. 9,8 cm - P. 5,9 cm - Poids brut : 443,60 g (Quelques perces et petites perforations, goupille de la charnière moderne) Provenance : - Ancienne collection Yakov Gordik (1910-1988), grand collectionneur d'objets du Haut Moyen Âge du nord de l'Europe, achetée sur le marché des antiquités dans les districts de Kaliningrad (anciennement Königsberg) entre 1950 et 1980, puis transmise à son fils. - Collection privée, Paris Ce type de châsse en forme de maison, à usage de reliquaire, est apparu en Europe dès l'époque mérovingienne. Les exemplaires les plus anciens attestent bien de cette utilisation comme le montrent celle de la collégiale d'Andenne, fin du VIIe/première moitié du VIIIe siècle, conservée au Musée diocésain de Namur (inv. 380, fig.a), qui contenait encore plusieurs sachets de reliques lors de sa découverte en 1907, ou celle de l'abbaye de Fleury de Saint-Benoît-sur-Loire, vers 650, autrefois munie d'une logette à glissière. Les archéologues leur donnent parfois le nom de "reliquaire-bourse" de par leur petite taille, leur hauteur se situant entre 8 et 12 cm et leur longueur entre 8 et 14 cm. Concernant l'Europe du nord, peu d'exemplaires en orfèvrerie nous sont parvenus de ce premier art chrétien. On peut citer notamment le reliquaire en cuivre doré et argenté avec émail réalisé en Irlande ou en Écosse à la fin des années 700 conservé au musée national du Danemark (inv. 9084, fig.b), également d'une typologie comparable, la châsse de Monymusk du VIIIe siècle au National Museum of Scotland d'Edimbourg (inv.H.KE.14, fig.c) et les plaques conservées au British Museum, datant du début du Xe siècle (inv. 1954,1201.1, fig. d), en argent niellé avec ses enchevêtrements typiques relevant du Trewhiddle et du Jelling style. C'est en effet à ce dernier style que fait en premier référence le décor de cette rare châsse de l'ancienne collection Gordik. Il doit son nom à une petite coupe sur pied en argent doré et niellé trouvé lors de la fouille du tumulus royal de Jelling au Danemark, 958/959 (fig.e). Les deux grandes faces du toit de la châsse donnent un bon exemple de ce style que l'on caractérise par la représentation d'animaux rubanés traversés de lignes en diagonale, aux corps ornés de rangées de perles ou de cercles et aux têtes surmontées d'une queue de cheval ou de crinière. Cependant la relation la plus étroite que l'on peut établir serait davantage avec l'ornementation de l'une des deux pierres dressées toujours à Jelling, près de son église, plus précisément celle érigée par Harald à la Dent bleue vers 960-970, qui fut roi du Danemark, puis de Norvège. On y retrouve la même association de tresses stylisées, de triquetas et de dragon entouré d'un enchevêtrement de rubans, "ribbon-animal" (animal-ruban), typiques de l'ère viking scandinave que l'on observe également dans la sphère anglo-saxonne (fig.f). L'art Viking, du nom de ce peuple de conquérants, explorateurs et commerçants nordiques, est surtout connu par des objets en relation avec le costume, les bijoux ou l'armement comme les boucles, les fibules, les colliers ou autres poignées d'épée. On est donc ici en présence d'une pièce d'orfèvrerie remarquable, particulièrement bien conservée, qui constitue un précieux témoignage, très émouvant, de l'arrivée du christianisme dans ces contrées reculées du nord de l'Europe. Ouvrages consultés : - Exposition Bordeaux 1969, L'or des Vikings, Musée d'Aquitaine, cat. - Exposition Paris 1991, Les Vikings ... Les Scandinaves et l'Europe 800-1200, Grand-Palais, cat. p.178-179. - Exposition Paris 2008/2009, Celtes et Scandinaves - Rencontres artistiques VIIe-XIIe siècle, Musée de Cluny, cat.
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