Masque Fang - Lot 14

Lot 14
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Masque Fang - Lot 14
Masque Fang Masque Fang historique, Gabon Bois H. 41 cm – L. 26 cm Un masque au temps d’Henry Morton Stanley S’il est difficile de situer dans l’espace l’origine exacte du masque décrit ici, du moins peut-on assez précisément le faire dans le temps, puisque son collecteur résida de 1887 à 1901 dans ce qui était alors le Congo Français. L’ancienneté de ce type de sculpture est corroborée par les dates d’arrivée en Europe des quelques rares exemplaires très proches, au plus tard et assez uniformément durant la première décennie du XXe siècle. Le plus célèbre d’entre eux, conservé au Centre Pompidou, est désormais entré dans la légende : ce masque aurait été trouvé par Vlaminck en 1906, cédé à Derain, séduit Matisse, Picasso et Vollard - qui en commanda une copie de bronze - ouvrant la voie à la reconnaissance des arts classiques d’Afrique et d’Océanie en Occident. Des photos datées de 1906, prises dans le studio-atelier du sculpteur Herbert Ward, boulevard Berthier, témoignent de la présence de deux de ces masques à Paris à la même époque mais ne lèvent pas le mystère de leur origine : Ward accompagnait en effet Henry Morton Stanley lors de sa troisième expédition congolaise qui ne foula jamais les terres des fang du Gabon à qui ce type de masque est attribué. Dans son ouvrage Chez les cannibales de l’Afrique Centrale en 1910, la photo d’un de ses masques porte la légende « Rua », secteur situé dans le bassin de la Lomami, au centre-est de la République démocratique du Congo. On peut s’interroger quant à l’exactitude de cette information en découvrant quelques pages plus tôt, un autre cliché représentant une statue agni de Côte d’Ivoire, présentée comme « idole manyema » et usurpant ainsi la nationalité congolaise. Il est possible que l’explorateur ait procédé à des échanges à son retour en Angleterre en 1890, comme auprès de Robert Bruce Napoléon Walker, trader au Gabon dès 1851 et grand pourvoyeur d’objets de la culture matérielle du pays, entre autres pour le Pitt-Rivers Museum d’Oxford. Plus cohérents quant à leur provenance, on peut également citer les masques rapportés par Jean-Baptiste Philémon Lemaire, gouverneur du Gabon de 1899 à 1902, ou celui de Charles Noufflard, également lieutenant-gouverneur, présent de 1903 à 1908 dans la colonie. Un autre d’entre eux entra très tôt dans les collections du couturier Jacques Doucet et orne désormais un mur du musée Angladon d’Avignon. Le musée d’Anvers en conserve deux, acquis du marchand Pareyn en 1920 et la Fondation Dapper, un autre dont la date initiale d’acquisition n’est pas précisée. Si l’ethnologue Louis Perrois attribua ce type de masque aux Fang, c’est par analogie avec les heaumes «ngontang» – la jeune femme blanche – dont un des premiers exemplaires fut révélé dans le mythique ouvrage de Guillaume Apollinaire et Paul Guillaume, Sculptures nègres, en 1917. Le fard blanc des masques est, toutefois, la chose au Gabon la mieux partagée, en usage chez de nombreuses ethnies. Sa signification varie d’un groupe à l’autre, des paisibles danses des okuvi punu aux terrifiantes apparitions du Ngil des Fang, en passant par le bwiti des Tsogho ou des Vuvi. Notre masque n’a conservé que quelques traces de ce kaolin, silicate plus volatile que la craie de Briançon dont se poudraient les petits marquis de l’Ancien Régime. Louis Perrois, ainsi que Frederik Cloth, un autre spécialiste de l’art gabonais, reconnaissent n’avoir aucune certitude quant à la fonction de ces objets, le deuxième interrogeant même le genre féminin auquel ils sont couramment associés, démenti, entre autres, par la moustache ornant la face de l’œuvre conservée au musée Dapper. L’absence d’orifices d’accrochage sur leur périmètre intrigue également et pourrait indiquer que ces masques ne participaient pas à des mascarades. Toutefois la dramaturgie que suggèrent leur face blême, leur stylisation, de la coiffure à la barbe, en passant par l’arc des sourcils et le relief du nez tout juste marqués, ne pouvaient que susciter un immense intérêt chez les artistes de l’avant-garde, à la recherche de nouveaux modes d’expression. Bertrand GOY
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